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Arrêt de l’exécution provisoire - Conséquences manifestement excessives résultant de la restitution des produits saisis

PIBD 1136-III-4
CA Paris, 4 mars 2020

Demande d’arrêt de l’exécution provisoire - Restitution des produits saisis - Conséquences manifestement excessives

Texte

Les demandeurs à l’action en contrefaçon, déboutés en première instance, ont formulé une demande d’arrêt de l’exécution provisoire de la mesure de restitution des produits saisis, en invoquant le caractère irréversible1 de la vente à venir des produits litigieux par la société poursuivie. Il n’est pas fait droit à cette demande.  

Il n'est pas établi que la société poursuivie ait pour objectif de remettre en vente les produits litigieux sans attendre l’arrêt d'appel sur la contrefaçon, dès lors qu’elle invoque la nécessité de leur assurer des conditions de stockage optimales. Si toutefois elle décidait de le faire, cette vente, même irréversible, ne serait pas, en l'espèce, constitutive d'une conséquence manifestement excessive pour les demandeurs. En effet, en application de l'article L. 111-10 du Code des procédures civiles d'exécution, l'exécution d'une décision de justice exécutoire à titre provisoire n'a lieu qu'aux risques et périls de celui qui la poursuit, à charge pour lui, si le titre est ultérieurement modifié, d'en réparer les conséquences dommageables sans même qu'il soit nécessaire de relever une faute à son encontre. 

Dès lors, la société poursuivie s'exposerait à une responsabilité objective à l'égard des demandeurs. Au surplus, la vente des produits litigieux, par elle-même, leur serait certes préjudiciable, mais il n'est pas établi que ce préjudice, indépendamment même de sa réparation telle qu'elle vient d'être évoquée, constituerait en soi une conséquence manifestement excessive, au regard du nombre et de la nature des produits saisis.

Cour d'appel de Paris, pôle 1, 5e ch., ord. réf., 4 mars 2020, 2020/00877 (M20200068)
Pierre C et Société de Gestion Pierre Cardin SAS c. Malu NV
(Rejet de la demande tendant à l’arrêt de l’exécution provisoire prononcée par TGI Paris, 25 oct. 2019, 2017/05984)

1 Sur la question du caractère irréversible de la mesure prononcée ou de la situation en résultant, à rapprocher notamment de : CA Paris, ord. réf., pôle 1, 5e ch., 29 mai 2018, Belperron LLC c. Françoise N et al., 2018/03881, D20180048 (mesure d’interdiction) ; CA Paris, ord. réf., pôle 1, 5e ch., 6 juill. 2017, Textiles Granges sur Vologne SA c. France Biotex, 2017/08230, M20170350 (risque avéré d'impossibilité de recouvrer les sommes acquittées) ; CA Paris, ord. réf., pôle 1, 5e ch., 6 juill. 2016, Texas de France SAS et al. c. Muller & Cie SA, 2016/04331, B20160112 (paiement de dommages-intérêts pour des faits de contrefaçon) ; CA Paris, ord. réf., pôle 1, 5e ch., 29 nov. 2012, Promiles SNC et al. c. Intersport France SA et al., 2012/15991, B20120159 (mesure de publication du dispositif du jugement de nature à jeter un discrédit), PIBD 2013, 976, III-896 ; Propr.  industr., avr. 2013, p. 19, note de E. Py ; CA Paris, ord. réf., pôle 1, 5e ch., 6 juill. 2009, Johnson & Johnson Medical Ltd  et al. c. Norvatis  AG, 2009/08843, B20090117 (mesure de confiscation aux fins de destruction).