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Études statistiques

Brevets et quatrième révolution industrielle

PIBD 1150-IV-3
Texte

Les familles de brevets internationales (FBI) ont été utilisées récemment comme indicateurs d’innovation dans l’étude de l’OEB parue en septembre dernier sur L'Innovation dans le domaine des batteries et du stockage de l'électricité1, qui met en évidence la croissance rapide de l'innovation dans le domaine des batteries entre 2000 et 2018.

Ces familles de brevets, dont chacune représente une invention de grande valeur pour laquelle des demandes de brevet ont été déposées dans deux offices de brevets au moins dans le monde, constituent également les données sur lesquelles se fonde une nouvelle étude de l’OEB, publiée le 10 décembre 2020, intitulée Brevets et quatrième révolution industrielle : les évolutions technologiques mondiales à l'origine de l'économie des données. Elle porte sur la même période que l’étude susmentionnée (2000-2018), mais s’intéresse à un autre domaine porteur, celui de la « quatrième révolution industrielle » (4RI), qui comprend les techniques concernant les objets connectés « intelligents », englobant les mégadonnées, la 5G et l’intelligence artificielle.

De cette étude de soixante-quinze pages, illustrée de nombreux tableaux statistiques, les principales observations suivantes peuvent être tirées.

L’innovation liée à la 4RI a connu un développement rapide au cours des dix dernières années, et représentait plus de 10 % de l’innovation mondiale en 2018, avec 40 000 nouvelles FBI déposées. Les demandes de brevet dans le domaine étudié ont augmenté à un taux annuel moyen d'environ 20 % de 2000 à 2018, soit près de cinq fois plus rapidement que la moyenne de tous les domaines techniques.

Valeurs moyennes des variables sélectionnées par titulaire de DPI, 2015-2018

Cette innovation a connu un essor particulier dans les domaines de la connectivité et de la gestion des données avec, respectivement, jusqu’à 14 000 et 11 500 FBI enregistrées dans ces deux secteurs en 2018, et un taux de croissance annuel de 26,7 % et 22,5 % entre 2010 et 2018.

Top 10 des catégories NACE pour la propriété des DPI

 Les États-Unis avec une croissance annuelle moyenne de 18,5 %, représentent environ un tiers de la totalité des inventions entre 2000 et 2018, contre environ un cinquième pour l'Europe et le Japon. Ils occupent la première place du classement. À partir de niveaux très bas à la fin des années 2000, l'activité d'innovation de la Chine et de la Corée du Sud a augmenté à un rythme très élevé, affichant une croissance annuelle moyenne de 39,3 % et 25,2 % respectivement, de 2010 à 2018.

Croissance des FBI relatives aux technologies de la 4RI par centre mondial d'innovation, 2000-2018 (source OEB)

Cette émergence rapide de la Chine et de la Corée du Sud, ainsi que le fort développement des demandes de brevet provenant d'autres régions ont fait perdre du terrain à l'Europe par rapport aux autres centres mondiaux d'innovations liées à la 4RI. L'Allemagne a produit à elle seule 29 % de tous les brevets relatifs à la 4RI issus des entreprises et des inventeurs européens entre 2000 et 2018, soit plus du double de la contribution du Royaume-Uni (14,3 %) et de la France (12,5 %). Toutefois, la croissance moyenne de l'innovation liée à la 4RI dans ces trois pays au cours de la dernière décennie a été inférieure à la moyenne mondiale (de 19,7 %).

Croissance moyenne des FBI liées à la 4RI dans les principaux pays européens, 2010-2018 (source OEB)

Le classement des principaux demandeurs illustre cette montée en puissance des entreprises asiatiques. Dominé par les sociétés sud-coréennes Samsung et LG, il comprend quatre sociétés américaines, deux sociétés européennes, une japonaise et une chinoise. 

Comparaison des 10 principaux demandeurs entre 2000-2009 et 2010-2018 (source OEB)

De même, la tête du classement par pôles régionaux liés à la 4RI est occupée par treize pôles asiatiques et américains, suivis de sept pôles situés en Europe et au Moyen-Orient.

20 premiers pôles mondiaux d'innovation 4RI (source OEB)

D'ici 2023, plus de 29 milliards d’appareils dans le monde seront connectés à des réseaux utilisant un protocole internet et associés aux techniques de la 4RI. Selon les estimations, la contribution supplémentaire cumulée de ces nouvelles techniques numériques, au PIB, pourrait s’élever à 2 200 milliards d’euros à l'horizon 2030 pour la seule Union européenne, soit une progression de 14,1 % par rapport à 2017. C’est dire que cette « révolution », sur laquelle cette étude délivre de précieuses informations, va avoir des conséquences économiques importantes. Comme le dit le président de l’OEB, António Campinos : « Ce que nous observons n'est pas seulement une accélération du développement des techniques de l'information et de la communication, mais c'est aussi un changement majeur vers une économie entièrement basée sur les données ».